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11/06/2007

La souffrance est une image

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Quand, à huit ans, votre grand-père vous a violée, il y a eu une douleur physique qui a duré quatre minutes et demi. Les cinquante ans qui ont suivi, les cinquante ans qui vous ont empêchée de vivre, c'est la douleur psychologique. C'est de cela dont il faut se libérer. On peut avoir un traumatisme physiologique, mais le corps intègre le traumatisme. S'il ne peut pas l'intégrer le corps meurt.

Ce qui empêche de vivre, ce n'est pas l'événement qui s'est passé quand on avait huit ans , c'est les cinquante ans d'imaginaire, de critique, de refus, de jugement, de culpabilité, etc. C'est cela qui détruit le psychisme, ce n'est pas l'événement.
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On prétend que l'on ne peut pas vivre comme cela, avec tel environnement, avec tel corps, avec tel passé, avec tel futur, parce que l'on a l'image que les choses devraient être autrement ; on a l'image qu'il ne devrait pas y avoir de violence, de mauvais traitement, de père abusif, de mari ceci, cela. Il ne devrait rien y avoir. On ne tolère rien !
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Quand on examine ce que l'on appelle la souffrance, on s'aperçoit qu'elle apparaît toujours lorsqu'on a la prétention de penser que les situations pourraient être autrement. Dans une acceptation profonde de la situation il n'y a jamais souffrance, mais dans l'histoire de ce que l'on prétend être, bien sûr, on trouve intolérable telle ou telle situation en fonction d'une image, d'une histoire à laquelle on s'identifie. La souffrance est toujours une image. Elle est toujours psychologique.
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Quand on se rend compte que tout est tolérable (quand le corps ne tolère plus quelque chose, il s'en va ; tant que le corps est là, c'est tolérable, c'est plus que tolérable) quand on ne cherche plus à éviter la souffrance, la violence, l'injustice, il y a autre chose qui se passe : quelque chose s'ouvre. Il y a la beauté qui apparaît, la tranquillité.

Mais il faut d'abord quitter l'image que les choses devraient être autrement, qu'il y a quoi que ce soit à changer - c'est de la violence - quoi que ce soit dont il faille se libérer, même se libérer de l'image.

Eric Baret (le sacre du dragon vert)

05/06/2007

L'honnêteté

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L'honnêteté veut dire qu'on reste avec ce qui est là, particulièrement quand on est dérangé. On ne se raconte pas d'histoire là dessus. Quand je suis affecté, c'est que j'ai touché un aspect de ma vie qui est conceptuel, figé, artificiel : j'ai mis le doigt sur un noeud de souffrances. Personne ne peut faire cela à notre place.
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On ne se donne pas à cet examen pour changer quoi que ce soit. On n'est pas là pour intervenir mais pour voir clairement. Vouloir intervenir brouille complètement l'expérience. C'est un réflexe habituel, c'est mécanique. La pensée n'est pas problématique (...) Il suffit de ne pas demander à la pensée ce qu'elle ne peut pas nous livrer : la sécurité, le bonheur, la tranquillité, l'énergie.
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Le réflexe égotique subsiste encore, mais vous le voyez. Il vient au repos. Plus tard, il revient encore : vous le voyez à nouveau et il se tranquillise. Cela peut prendre trois mois, trois ans, trois décennies, peu importe. A un certain moment, vous réaliserez que le réflexe n'est plus là en certaines circonstances. Ou s'il est là, il est immobile, sans effet sur vous, comme privé de sa virulence, de son efficience. Vous voyez alors la tranquillité s'étendre à tous les aspects de votre vie. C'est ce qu'on appelle la purification. Mais cela n'est pas quelque chose d'actif. On ne dit pas : " Je vais me purifier." Cela, ce sont des enfantillages, ce n'est pas sérieux. La purification n'est pas quelque chose de moral, de délibéré. Cela vient de façon naturelle, à force d'être complètement honnête avec soi-même.

jean bouchart d'orval (au coeur de l'instant)